COMMENT APPRENDRE A MIEUX VIVRE ENSEMBLE ?

Tiré du programme "L'entreprise en conscience" par BLV Consulting Group

Nous aspirons tous à mieux vivre avec nous-même et à mieux vivre ensemble ! Mais cela peut-il s'apprendre?

Je voudrais commencer cette chronique par une question qui m’a été fréquemment posée : faut-il être nécessairement bouddhiste pour adopter cette philosophie, surtout au sein des entreprises ?

Cela m’a toujours amusé. Aussi ma réponse est non. Ce qui est aussi assez drôle, surtout en France, c’est que dans pratiquement toutes les grandes surfaces, vous trouvez des représentations du Bouddha, ce qui est un paradoxe assez surprenant dans ce pays laïc à outrance.

Il existe en effet une confusion dans l’esprit des personnes entre religion et philosophie. J’ai eu maintes et maintes fois l’occasion d’expliquer cela lors de conférences.

Qu'est-ce que le bouddhisme?

Le bouddhisme n’est pas dogmatique.

Il est caractérisé par une absence de croyances. C’est tout simplement une pratique qui aide à la fois, à une meilleure connaissance de soi, et à devenir meilleur. En ce sens, c’est un carnet de route. En soi, c’est la science de l’esprit ou de l’éveil. Le premier objectif c’est de pouvoir travailler sur nos « e-motions », - en deux mots -, car elles ne sont en finalité qu’une énergie en mouvement. Le fait de disposer de méthodes qui nous permettent de travailler sur des thèmes comme la haine, la jalousie, le ressentiment, la vengeance, - des sujets tellement présent dans notre société -, c’est plutôt quelque chose de positif !

Le bouddhisme n’utilise pas le prosélytisme. Pour reprendre une expression du Dalaï Lama : « ne devenez pas bouddhisme, respecter vos traditions ». En bref, soyez fidèles à vous-mêmes ! 

Au sein de mon entreprise, seule une consultante est sympathisante bouddhiste. Et ce n’est surtout pas moi qui les pousse dans cette direction, ce, dans le respect des libertés individuelles. Nous partageons cependant les aspects philosophiques de cette tradition quand cela peut aider à l’évolution.

Maintenant, ce qui est sûr c’est que le bouddhisme comporte plusieurs niveaux de compréhension. D’ailleurs le Bouddha en son temps a mis à la disposition des personnes des milliers d’approches en fonction du niveau de conscience de chacun.

La pratique du bouddhisme peut se vivre à tous les niveaux : débutants ou expérimenté

Je donnerai une image facile à saisir pour comprendre ce qu’est le bouddhisme. Si vous allez à Chamonix, vous pouvez être émerveillé par la beauté des montagnes environnantes et en rester là. Vous pouvez aussi faire le tour du mont blanc, ce qui exige tout de même un peu de pratique. Ce que vous allez ressentir est déjà très différent de celui qui reste dans la vallée à observer de loin les cimes qui s’offrent à ses yeux. Dans les deux cas, ça ne fait pas de vous un alpiniste. Et après, il y a toutes une succession de niveaux de pratiques allant de facile à extrêmement difficile. Et encore ce dernier niveau est lui-même décomposé en cotation allant du 6A à 7B et + ! On est là dans ce dernier cas, ce que les alpinistes qualifient « d’abominablement difficile ».

En ce sens, le très haut niveau n’est pas forcément accessible, d’entrée. Un écrivain et maître bouddhiste, Dzongsar Jamyang Khyentsé, n’at-t-il pas dit donné à l’un de ses livres, le titre : « n’est pas bouddhiste qui veut » !

Peut-on appliquer les concepts bouddhistes à la vie en entreprise?

Aussi, dans l’approche que je propose aux entreprises, il s’agit bien des tous premiers niveaux : apprendre à mieux vivre avec soi et à mieux vivre ensemble, et c’est en ce sens que cette philosophie est si riche car elle s’adapte à tous les niveaux. Et c’est déjà pas si mal. 

Le bouddhisme partage par ailleurs avec l’approche scientifique des critères identiques : connaissance, observation authenticité, rigueur, logique.

Ainsi, lorsque l’on y regarde de plus près, on se rend compte qu’il existe une réelle convergence entre la science et le bouddhisme.

Les liens de la science avec le bouddhisme

Plus nous avançons dans les découvertes scientifiques, plus celles-ci confirment l’enseignement du bouddha. Quelques exemples : il existe bien une réalité dite relative et une autre, plus complexe, la réalité absolue. On retrouve d’ailleurs chez Platon cette intuition entre sa vision du monde des ombres, celle telle que nous la percevons et cette réalité absolue, celui du monde des Idées qui ne nous est pas accessible dans l’instant. Parce que c’est voilé !

Voyez-vous, c’est là où l’on retrouve une analogie avec la montagne : il y a des choses qui ne nous sont pas accessibles pour le moment mais rien ne nous empêche de mener des recherches plus poussées. Et ça, ça appartient à chacun.

D’autres exemples qui rejoignent la vision scientifique ?

La physique quantique dont la nature est duelle. Elle peut aussi bien prendre l’apparence d’une onde ou d’une particule selon l’action de l’observateur ; c’est l’un des principaux enseignements du bouddhisme : la dualité. Je citerai pour mémoire une observation de l’un des plus grands astrophysiciens de notre temps, Trinh Xuan Thuan en relation avec la physique quantique dans son livre, le Cosmos et le Lotus : « On comprend mieux pourquoi les découvreurs de la physique quantique que sont Niels Borh et Erwin Schrödinger aient plaidé pour une unité de pensée entre la science occidentale et les traditions de l’Orient », et d’ajouter : « la mécanique quantique fait perdre à la matière sa substance, ce qui rejoint la notion de vacuité ».

Les découvertes dans le domaine des neurosciences ne sont pas en reste qui nous expliquent le fonctionnement de notre cerveau. C’est bien parce que les composantes du cerveau n’arrivent pas à travailler de concert que nous sommes le plus souvent entrainés dans la confusion. Les recherches sur les effets de la méditation sur le cerveau démontrent comment il est aujourd’hui possible de recâbler correctement nos neurones. Pour autant, nulle trace de la conscience dans le cerveau. Celle-ci se situant bien hors de ce magnifique et complexe instrument.

Et ce ne sont là que quelques exemples !

Comme disait Paul Valéry : « la conscience règne mais le cerveau gouverne ».

Je citerai bien volontiers et encore une nouvelle fois pour clore cette chronique, Trinh Xuan Thun :  « La conscience n’est pas un accident de l’évolution mais qu’elle est le résultat inéluctable de lois physiques et biologiques. Et aussi : « l’univers n’a de sens que s’il contient une conscience capable d’appréhender son organisation ».

Permettons à notre conscience de prendre la place qui lui revient : celle qui à la fois règne et gouverne.

                                                                                                                                            Jean-Pierre MECHIN