Méditation laïque versus méditation spirituelle
Retrouvez la 2ème chronique du programme l'entreprise en conscience
Dans ce nouvel article tiré du programme "L'entreprise en conscience" que nous proposons aux entreprises et aux personnes souhaitant intégrer la pleine conscience dans leur pratique quotidienne, nous nous intéressons aujourd'hui aux liens qui existent entre la méditation et la spiritualité.
La méditation peut-elle être strictement laïque sans lien à une quelconque religion ou quête spirituelle?
Sur leur origine respective
La méditation spirituelle plonge ses racines dans la nuit des temps (Védanta hindou et dans l’enseignement du Bouddha, ce dernier remontant à plus de 2.500 ans). Son but ultime, c’est l’Eveil. En clair, cela signifie, partir de notre état conditionné et de s’en libérer pour atteindre l’inconditionné.
La « méditation laïque » est censée représenter une innovation dans le champ médical, due principalement, mais pas que, à un professeur de médecine américain, Jon KABAT-ZINN, fondateur à l’université médicale du Massachussets, de la clinique de réduction du stress. L’objectif est clairement de pouvoir surmonter le stress, la douleur et la maladie. On peut dire qu’il a « déconnecté » la méditation de son contexte philosophique, pour l’adapter dans un but thérapeutique. Et en soi, c’est déjà une très bonne chose !
Dans cette optique, c’est une méditation de par sa nature qui reste dualiste : - moi, l’autre - alors que la méditation spirituelle représente l’immensité de l’esprit NON DUELLE ; elle vise l’unité, en tout cas pour les traditions théistes ! Chez les bouddhistes il faudrait plutôt dire concernant la voie de la non dualité, ce n’est ni zéro, ni un, ni deux. C’est le non deux ! Mais n’entrons pas trop ici dans les détails
Sur le principe de la non dualité, Albert JACQUARD l’avait très bien exprimé dans son petit dictionnaire de la philosophie : « je dis je, parce qu’un jour quelqu’un m’a dit tu ».
C’était prémonitoire chez Victor Hugo. On peut lire dans les contemplations : « au fou qui croit que je ne suis pas toi ». Ou encore, chez Paolo COELHO : « tout n’est qu’une seule chose ».
En d’autres termes, cette dernière vision sous-entend un esprit qui n’est pas prisonnier de l’égo comme cela fonctionne habituellement chez les humains. Je vais revenir sur l’égo dans un instant mais avant il y a une précision à apporter !
La méditation : Spiritualité ou Religion ?
Il y a des esprits chagrins qui objecteront que dès l’instant où l’on évoque l’immensité de l’esprit on frôle, si on n’entre pas, dans le domaine du religieux. On a toujours tendance à confondre allègrement, religion et spiritualité. Mais nos croyances les plus chères ne sont-elles pas du domaine de la religion ?
Il est affligeant de constater à quel point nos croyances en tout genre polluent notre quotidien ! Yuval Noah HARARI commente ceci dans son best seller « HOMO DEUS » : « la religion est un deal, la spiritualité, un voyage ! Le deal c’est si tu obéis tu vas au ciel, si tu désobéis, tu brûleras en enfer ».
Il dit encore : « C’est quoi au juste le ciel et l’enfer ? C’est notre quotidien dans la manière dont nous vivons les événements : la haine, la colère, la médisance ….Vous êtes en enfer. Partager, aimer, pardonner…vous êtes au ciel »!
La spiritualité nous invite au questionnement sur qui nous sommes, sur le sens de nos vies…On devient explorateurs. Les dogmes qui s’inscrivent dans des modes de pensées rigides apportent le plus souvent des réponses toutes faites, ou encore, favorisent le mystère de la vie. Ça n’est pas satisfaisant pour des pratiquants de l’intériotité, « nangpa » en tibétain. On dit aussi dans le bouddhisme zen : « Si tu rencontres le Bouddha, tue-le »! en clair, si au cours de ton chemin tu rencontres des idées rigides, tu dois t’en libérer.
En fait, nous devons d’abord apprendre à désapprendre : cela signifie demeurer ouvert aux expériences nouvelles, aux expériences sensorielles et leur permettre de changer nos vues, nos comportements, nos personnalités. Cela signifie expérimenter par soi-même. C’est un très long chemin, le chemin de toute une vie…et même davantage.
Mais cette voie spirituelle n’est pas sans danger. On peut dire en effet qu’une voie spirituelle, c’est une opération chirurgicale sans anesthésie ! J’y reviendrai un peu plus tard dans un prochaine article.
Jean-Pierre Méchin